Chronique romancée d'un village de brousse camerounais pendant la colonisation, de la guerre de 14 à nos jour, racontée par Assanga Djuli, chef de tribu fier et haut comme un baobab, et sa fille, l'imprévisible Edène Assangra, née en l'an VI avant la première guerre, donc aujourd'hui presque centenaire. Dans un dialecte savoureux, elle nous parle d'un temps ancien et nous offre de piquantes descriptions des habitants d'alors, Blancs et Noirs mêlés : sa mère en apparence soumise et effacée, la « sorcière » Fondamento de Plaisir, débordante de luxe, de paresse et d'hypocrisie, Awono le guérisseur, le père Wolfgang tantôt d'une élégance rare, tantôt sale comme un clochard, un homme léopard, un vieux docteur et un café qui prend rapidement des allures de bordel. Au-milieu de toute cette population bigarrée, Michel Ange de Montparnasse, un soldat français, tente de se fondre dans la communauté. Mais un Blanc peut-il réellement percer les mystères de l'Afrique et s'adapter à cette vie si différente ? En déroulant les vies incroyables des uns et des autres, c'est toute l'histoire de l'Afrique qu'Alixthe Beyala évoque, avec ses légendes et ses réalités si solides qu'elles résistent à toutes les occupations étrangères, qu elles soient allemandes d'abord, puis françaises en suite. Avec un talent, une vérité et une vivacité encore plus saisissante, Alixthe Beyala évoque la douloureuse confrontation entre les Noirs et les Blancs, leur éternelle et inévitable incompréhension.