Artiste reconnu pour ses photographies de cartes Michelin, Jed Martin rencontre le célébrissime Michel Houellebecq et peint de lui un portrait « culte » qui fait sa fortune. La reconnaissance immédiate de leurs affinités conduit l'écrivain à partager avec le jeune plasticien sa vision du monde contemporain, « le territoire ». Pour illustrer son propos, Houellebecq se démultiplie en personnages du PAF, de l'art contemporain, de la littérature branchée dans autant de tableaux cruels et drôles, conjuguant contestation sociale et moralisme. Cependant sa personnalité profonde n'est que partiellement explicitée jusque dans son énigmatique disparition ; ainsi la mort de l'auteur est-elle prétexte à une mise en scène sanguinolente, séquence polar inattendue. Original, le roman s'appuie intelligemment sur une mise en abyme qui aboutit à un autoportrait impitoyable et parfois attendrissant. Son quasi semblable, sous des masques divers, sert d'écho et de faire-valoir à ses thèmes obsessionnels : vision pessimiste de l'humanité, désespoir métaphysique, indifférence au monde et à soi-même, morbidité, inaptitude à l'amour durable, incommunicabilité. Les digressions propres à toute l'oeuvre de Michel Houellebecq affaiblissent à peine ce roman d'une construction habile et maîtrisée, d'un style épuré. L'auteur à l'humour triste semble sur la voie d'un apaisement possible et en devient plus accessible. (source : les-notes.fr)