Annie Ernaux revoit la jeune fille qu'elle était en 1958. Alors monitrice dans une colonie de vacances, summum de l'affranchissement à ses yeux, elle rencontre son premier amant. Avec distanciation, elle fait parler cette autre Annie qui, heureuse de s'être fait déflorer, attend un signe de ce « Maître » qu'elle s'est donné en secret? tout en s'offrant à d'autres. Fière de cette libération sexuelle dont elle se prévaut, la « fille de 58 » n'en devient pas moins un objet de mépris et de dérision, phénomène que son amour-propre, aveuglé, affranchit de la honte. Elle retourne à ses études d'institutrice qui ne l'intéressent pas, sombre dans la boulimie et part au pair en Angleterre. Spécialiste de l'autofiction, l'auteur (Le vrai lieu : entretiens avec Michelle Porte, NB mars 2015) a toujours éludé cette période qu'elle analyse longuement ici. Avec précision, lucidité et recul, elle objective les faits et veille à actualiser les visages. (C.M. et D.D.) (source : les-notes.fr)