Jeune avocat à Francfort, le narrateur est chargé d'arbitrer le conflit né autour d'un nu représentant l'épouse d'un homme d'affaires. Celle-ci étant partie avec le peintre, le mari bafoué se venge sur le tableau, au grand dam de l'artiste, qui entend le récupérer. Loin de dénouer l'imbroglio juridico-sentimental, le jeune-homme tombe amoureux du modèle et se rend complice du vol de l'oeuvre organisé par la belle ? laquelle disparaît avec le butin. En Australie, trente-cinq ans plus tard, notre héros reconnait la peinture dans un musée et retrouve la femme aimée, vieillie, malade. Il la soigne. Une vraie relation s'installe. Dans ce qui débute comme un bon vaudeville, l'auteur (Mensonges d'été, NB juillet 2012) fait habilement émerger une question plus profonde : et si les deux jeunes gens s'étaient enfuis ensemble ? Dans un dialogue ironique et tendre où il réalise qu'il l'aime encore, le « Grand naïf », qui a mûri, invente, pour distraire la mourante, un récit aussi idéal que décalé de leur fuite en Amérique. Un retour sincère sur sa propre vie d'Allemand des années quatre-vingts, discipliné et obsédé par la réussite, confronté, pour exister, à la lutte cynique d'une ressortissante de RDA. Une analyse fine mais quelque peu datée. (A.Lec. et P.B.) (source : les-notes.fr)