Bientôt parvenu à l'âge de la retraite, Joseph a toujours travaillé dans le Cantal comme ouvrier agricole. Il est viscéralement attaché à son pays, à la terre, aux moissons, aux bêtes dont il a une connaissance intuitive et profonde. Sans doute restera-t-il jusqu'à la fin chez les patrons qui l'emploient aujourd'hui, l'existence silencieuse ponctuée par les tâches quotidiennes de la ferme convenant à son caractère discret et résigné. Cette résignation résulte d'un combat de haute lutte contre lui-même, car il a failli ne jamais se relever de sa rupture avec l'unique amour de sa vie. Après l'évocation de la vie parisienne dans Les Pays (NB octobre 2012), Marie-Hélène Lafon revient aux thèmes qui lui sont proches, la rudesse de la vie rurale, les mentalités et moeurs paysannes. Avec une grande force de suggestion, dans une construction mêlant habilement passé et présent, elle retrace l'histoire d'un homme que la solitude a rendu taiseux et qui a trouvé dans l'observation distanciée de ceux qui l'entourent le refuge le plus sûr. Les silences, les regards, les émotions qui traversent les personnages prennent vie grâce à une écriture riche et subtile, dont le rythme parfaitement maîtrisé se calque sur les événements. (source : les-notes.fr)