À Brest, dans le bureau du juge, Kermeur ne nie rien. Oui, au cours d'une partie de pêche, il a volontairement passé Lazenec par-dessus le bastingage. Avec précision, il retrace les années précédant son geste. Lorsqu'il est licencié de l'arsenal, son couple vacille et son fils choisit de rester près de lui. Pour l'aider, le maire du village lui propose d'habiter une petite dépendance du ?oechâteau?, propriété communale. Mais celui-ci est racheté par le promoteur Lazenec, porteur d'un grandiose projet immobilier dans lequel il entraîne les habitants. Les travaux stagnent et les années passent. Dans un récit rythmé par une écriture tendue, l'auteur retrouve le souffle de ses autres romans (La disparition de Jim Sullivan, NB juin 2013). Soutenu par la patiente écoute du juge, l'homme se confie en un émouvant monologue. Modeste ouvrier, il trouve les mots justes pour dire sa vie simple, dévoiler ses tendresses et l'attachement à ce rude pays de marins : aveux autant que confidences d'un homme qui cherche à comprendre comment une escroquerie se mue en drame. La force du texte réside dans le contraste entre la parole du prévenu face au bienveillant silence du juge. Captivant. (M.R. et J.D.) (source : les-notes.fr)