Née en 1917 à Berlin, Charlotte Salomon grandit dans une famille juive-allemande confrontée à la montée de l'antisémitisme avec l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933. Contrainte de quitter le lycée, elle entreprend des études à l'Académie des beaux-arts où, très vite, elle révèle un don remarquable pour le dessin. Mais, victime de l'ostracisme ambiant, elle se voit refuser un premier prix de concours d'art en raison de ses origines et doit interrompre sa formation. Marquée par des drames familiaux (de nombreux suicides), elle quitte l'Allemagne pour rejoindre ses grands-parents réfugiés dans le sud de la France, au prix du sacrifice d'une relation amoureuse intense avec un professeur de chant. De 1940 à 1942, dans l'exil, cette passion inspiratrice nourrit une oeuvre autobiographique originale, Leben ? oder Theater ? (Vie ? ou Théâtre ?), où se mêlent écriture, peinture et musique. En 1943, elle meurt à Auschwitz où elle a été déportée. C'est en 2004, lors d'un séjour littéraire en Allemagne, que David Foenkinos découvre à Berlin une exposition consacrée à celle que, dorénavant, il va appeler Charlotte. Dès lors, il n'a de cesse de lire, regarder et écouter cette oeuvre, de s'interroger sur la connivence immédiate qu'il a d'emblée ressentie avec sa créatrice. Jusqu'au moment où, soixante ans après cette rencontre vécue comme un véritable coup de foudre, il écrit la vie de Charlotte sous la forme d'un poème : les phrases courtes confèrent un rythme qui scande la marche vers l'inéluctable. Cette forme ajoute de la force et une dimension historique, universelle, à ce roman biographique. L'auteur se glisse parfois dans le récit avec beaucoup de sensibilité, prend la parole pour faire partager sa tendresse envers «l'amie» et tenter de répondre aux questions que «l'artiste» le mène à se poser sur la création elle-même. Kandinsky disait : « Créer une oeuvre, c'est créer un monde». Charlotte Salomon avait créé le sien. David Foenkinos en ouvre la porte. (source : les-notes.fr)