1971, une très jeune Iranienne abandonne à la naissance le fruit d'amours fugaces dans une pouponnière suisse. Quelques semaines plus tard, un couple français adopte cette petite Roshan et s'empresse de la rebaptiser « Cécile ». Son enfance puis son adolescence s'étirent alors à Champigny-sur-Marne entre Robert et Jeannine, des parents très aimants mais peu enclins aux confidences. Lui, complexé par ses origines kabyles et traumatisé par la guerre qu'il a dû faire en Algérie, elle, blonde, ravissante, émergeant d'un milieu modeste ; tous deux veulent le meilleur pour leur fille tout en lui imposant leurs propres codes et leurs propres peurs. Une scolarité médiocre, ponctuée de brimades liées à son nom arabe, n'empêche pas Cécile de découvrir son goût pour l'écriture. Devenue professeur de lettres dans un lycée de la banlieue parisienne, elle est aussi épouse et mère de famille. À la mort de ses parents, la voilà partie à la recherche de sa mère iranienne. Saura-t-elle qui elle est vraiment ? Ce roman dont la narratrice, Cécile, semble être l'exacte réplique de l'auteur, est marqué par des passages d'ombre et de lumière, une ambivalence permanente de sentiments ressentie comme douloureuse et exprimée avec une impressionnante authenticité. Le silence un peu étouffant autour de l'enfant adoptée et de son père adoptif, le mystère autour de la mère biologique, source de fantasmes mêlés d'amour et de haine, puis la dégradation physique et la mort des parents, les difficultés à être mère plongent Cécile dans un état dépressif. L'écriture, la littérature, l'enseignement vont l'aider à lutter contre le sentiment d'abandon et de vide qui l'habite ; ainsi est-ce avec une grande empathie et dans un style à la fois limpide et tout en nuances chatoyantes que Cécile Ladjali traite des thèmes qui lui sont chers : l'adoption, la transmission, la puissance délétère des non-dits. Elle affirme à travers ces pages que le ciment de l'édification de soi, c'est la force salvatrice du langage, avec ses alternances, ses hiatus, ses rythmes et ses ruptures? La vie, tout simplement. (source : les-notes.fr)