Né à Kharkov en 1943, Limonov, personnage bien réel, a toujours rêvé d'être célèbre et du côté des puissants. Poète et grand buveur, il est anticonformiste et contre l'ordre établi. Icône de l'underground moscovite, il s'exile aux États-Unis en 1975 puis en France, vit misérablement et multiplie les rencontres hétérosexuelles, homosexuelles parfois. Revenu en Russie en 1989, il est sur le front des Balkans, puis fonde le parti national bolchevique, dont l'activisme le fait condamner à une lourde peine de prison. Il est libéré grâce à sa notoriété d'écrivain. Emmanuel Carrère (Un roman russe, NB avril 2007) choisit, à nouveau, un personnage complexe et ambigu pour démonter le mécanisme de l'effondrement de l'URSS, dénoncer le chaos de la Russie des années 1990, et critiquer ses dirigeants depuis Khrouchtchev. Raillant nombre d'émigrés russes célèbres, il exalte la Russie éternelle, desservie depuis toujours par des hommes politiques incompétents et soumise à des oligarques. Dans un récit dense et tortueux, l'auteur mêle à la vie de Limonov des éléments autobiographiques dont la pertinence est parfois inopportune. Le ton, tour à tour lyrique ou plat, impudique ou réservé, donne du relief à cet ouvrage qui requiert attention et persévérance, mais ne laisse pas indifférent. (source : les-notes.fr)