En septembre 1531 à Constantinople, Elie, garçonnet juif de douze ans, passe des heures dans l'arrière-boutique de Djebal Baba, fabricant d'encres. Il calligraphie et rêve de dessiner, mais les religions juive et musulmane le lui interdisent et seuls les chrétiens peuvent le lui permettre. Il s'enfuit et arrive à Venise. Après plusieurs années d'apprentissage chez Le Titien, il ouvre son propre atelier et, cachant sa judéité, se fait appeler Le Turquetto (le petit Turc). Mais celle-ci le rattrape provoquant sa chute, sa condamnation à mort et un autodafé de ses oeuvres. Metin Arditi, avec l'habileté littéraire qu'on lui connaît (Loin des bras, NB septembre 2009), crée un personnage extraordinaire : un peintre levantin du XVIe siècle. Jouant sur l'anomalie chromatique d'un tableau du Titien « L'Homme au gant », il imagine un homme habité par un talent exceptionnel dont ce tableau est la seule oeuvre qui nous soit parvenue. Au-delà de la fresque historique, sociologique, religieuse de l'époque, brossée avec élégance et réalisme, l'auteur donne à son héros une profondeur singulière, soulignant le poids de la religion et de la société dans la condition humaine de cette époque. Un roman remarquable aux personnages savoureux et attachants. (source : les-notes.fr)